Médecine vétérinaire

Chevaux et humains : même combat contre l’arthrite

Les médecins orthopédistes sont embêtés lorsqu’un patient se plaint de douleurs aux genoux mais que les radiographies ne révèlent aucune anomalie. Faut-il procéder à une opération ? « Imaginez quand un cheval présente les mêmes symptômes, signale Sheila Laverty, professeure à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. L’arthrite est une maladie très courante chez ces animaux, mais les vétérinaires ne peuvent pas la prévenir, ni même la diagnostiquer de façon précoce. »

Les choses pourraient changer sous peu grâce aux travaux de cette chercheuse, qui étudie les biomarqueurs du métabolisme cartilagineux présents dans le sang. « Lorsque le cartilage articulaire recouvrant les os commence à se désagréger, d’infimes parties de biomarqueurs se retrouvent dans le liquide synovial, ce lubrifiant naturel qui permet aux extrémités des os de pivoter l’une sur l’autre sans encombre. Nous tentons de découvrir des traces de cette dégradation progressive avant que les premiers signes radiographiques se manifestent. Idéalement, une simple prise de sang ou de liquide synovial suffirait. » La Dre Laverty collabore depuis plusieurs années avec le Dr Robin Poole, du laboratoire des maladies articulaires de l’hôpital Shriners pour enfants, à Montréal, connu internationalement pour ses recherches sur le cartilage articulaire chez les humains et en particulier pour l'étude de biomarqueurs. Les travaux de la Dre Laverty sont prometteurs pour l’espèce humaine, aux prises avec des problèmes articulaires de plus en plus sévères à mesure que la population vieillit. Auteure de trois articles parus depuis 2000 dans le Journal of Orthopedic Research, la Dre Laverty est membre du Réseau canadien d’arthrite, un centre d’excellence qui compte 127 ingénieurs, rhumatologues, chirurgiens orthopédistes, radiologistes, etc. « Le cheval et l’homme ont beaucoup de points communs dans notre domaine, dit-elle. Nous nous attaquons simultanément à deux défis : le diagnostic précoce d’anomalies et la médication. »

La chercheuse mène des travaux in vivo et in vitro. Par exemple, elle recueille des échantillons de cartilage chez des animaux morts afin de les faire croître en laboratoire (les cellules conservent leurs propriétés de croissance quelques heures après le décès). Ces tissus sont précieux pour tester des nouvelles molécules. Au Québec, un nombre considérable de chevaux de course souffrent d’ostéoarthrose à des degrés divers. On peut traiter efficacement les symptômes de la plupart d’entre eux par traitements intra-articulaires ou chirurgie arthroscopique, mais la douleur oblige le vétérinaire à procéder à l’euthanasie dans certains cas trop avancés. Même si l’on peut traiter les symptômes, on ne possède pas de médicaments capables de prévenir ou d’arrêter le processus de dégénérescence du cartilage. Actuellement, la physiopathologie de l’ostéoarthrose est peu étudiée en médecine vétérinaire et la chercheuse de Saint-Hyacinthe fait office de pionnière. Mais Sheila Laverty est aussi chirurgienne et enseignante. « C’est important d’être actif en recherche fondamentale, mais j’aime aussi avoir une activité de clinique. Et tout cela sert mon enseignement. »


Chercheuse : Sheila Laverty
Téléphone : (514) 343-6111, poste 8267
Courriel : sheila.laverty@umontreal.ca
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Aventis

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