Selon le physicien Jean-Marc Lina, du Centre de recherches
mathématiques (CRM) de l’Université de
Montréal, le radiologiste ne distingue guère
plus de 20 % des informations révélées
par une mammographie. « C’est donc dire que
80 % des informations ne sont pas interprétées,
simplement parce que l’œil ne peut saisir l’image
dans tous ses détails. »
À
son avis, d’ici quelques années, l’analyse
des images en médecine se fera principalement grâce à des
instruments numériques. Le cofondateur du PhysNum,
un groupe de recherche rattaché au CRM, estime que
cette évolution permettra aux radiologistes et cliniciens
de poser un diagnostic plus juste et plus rapide qu’actuellement.
Dans de récents travaux, M. Lina et son équipe
sont parvenus à déceler des microcalcifications
malignes sur une mammographie par l’intermédiaire
d’un logiciel d’analyse. Ces microcalcifications
sont des signes précurseurs d’un cancer du
sein. Ils ont ensuite présenté cette même
mammographie à une spécialiste du CHUM qui
en est arrivée à la même conclusion.
Pour M. Lina, ces résultats indiquent que les outils
informatiques sont de plus en plus perfectionnés. « Nous
ne cherchons pas à nous substituer aux radiologistes,
mais bien à les aider à établir un
diagnostic, nous souhaitons leur donner une seconde lecture. »
Depuis sa création, en 1990, le PhysNum a connu
de nombreux changements d’orientation. Après
s’être penché sur les réacteurs
nucléaires civils et les réseaux de neurones
artificiels, le groupe de recherche est passé en
1998 à la méthodologie de l’imagerie
cérébrale. Ces travaux ont été amorcés
en collaboration avec l'équipe d'imagerie de l'hôpital
Pitié-Salpêtrière, à Paris,
et se poursuivent au sein du Regroupement neuroimagerie-Québec
(RNQ), formé en février dernier. Le RNQ réunit
plus de 70 chercheurs membres de huit centres de recherche
liés à trois universités québécoises
(Montréal, Sherbrooke et McGill). « L’un
des objectifs du RNQ est d’étudier le fonctionnement
du cerveau en lien avec ses structures anatomiques »,
précise le chercheur. Les recherches permettront
de « voir » le cerveau en action. Il deviendra
possible de mieux comprendre comment, par exemple, un médicament
modifie l’activité cérébrale
ou encore comment le cerveau recouvre ses fonctions après
une opération.
Que viennent faire des physiciens dans ce groupe de spécialistes
en neurosciences ? Le rôle du PhysNum est de concevoir
des outils mathématiques en vue de relier les informations
fournies par différents modes d’imagerie cérébrale
comme l’électroencéphalogramme, l’imagerie
par résonance magnétique fonctionnelle et
l’imagerie optique. Chacun de ces modes d’imagerie
possède ses forces et ses faiblesses : une fois
réunis, ils permettront de construire des modèles
d’une précision spatiale et temporelle accrue.
Chercheur : Jean-Marc Lina
Téléphone : (514) 343-6111, poste 4078
Courriel : lina@crm.umontreal.ca
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie du Canada