Une fois encore, le petit Jean-Marc n’a pas fait
ses devoirs. À la maison, personne n’a pu
l’aider à terminer ses exercices. Ses parents
sont bien trop occupés à joindre les deux
bouts. Comme 36,6 % des jeunes Québécois
qui vivent dans un milieu défavorisé, Jean-Marc
risque fort d’aller grossir les rangs des décrocheurs.
Le ministère de l’Éducation du Québec
a décidé de frapper un grand coup avec sa
stratégie « Agir autrement pour la réussite
des élèves du secondaire en milieu défavorisé ».
Un projet de 125 M$ sur cinq ans associant près
de 200 écoles et une dizaine de chercheurs… et
représentant un énorme défi pour Michel
Janocz, professeur agrégé à l'École
de psychoéducation et responsable de l’équipe
scientifique chargée d’en faire l’évaluation. « Vivre
dans un milieu défavorisé augmente considérablement
le risque d’échec scolaire. Quand l’argent
manque et que les parents triment pour assurer leur propre
survie, ils n’ont souvent ni le temps ni l’énergie
pour fournir un soutien approprié à leurs
enfants », explique-t-il. Un logement inadéquat,
le manque de nourriture et mille autres soucis peuvent
faire passer la réussite scolaire des jeunes au
second plan. Facteur aggravant, les milieux socioéconomiques
défavorisés souffrent souvent d’un
manque de cohésion sociale, à la différence
des milieux plus aisés. « Dans les quartiers
où la cohésion sociale est forte, les gens
ont tendance à s’entraider et à s’occuper
des enfants des voisins. Dans les quartiers pauvres, moins
d’adultes peuvent s’investir pour encadrer
les jeunes. »
Les décrocheurs potentiels restent difficiles à repérer.
Certains enfants peuvent présenter des risques dès
l’école primaire. Mais c’est sur la
période critique de l’adolescence que le ministère
de l’Éducation a choisi de concentrer son
action, en cherchant à accroître la qualité des écoles
secondaires : « Quand on rehausse la qualité d’une école,
on contribue toujours à favoriser la réussite
des jeunes », note M. Janocz. La valeur d’une école
va bien au-delà de celle de ses enseignants : le
climat général, le soutien offert par la
communauté ou les pratiques organisationnelles ne
sont que quelques-uns des ingrédients que la stratégie
devra incorporer à son menu.
Pour les chercheurs, la première étape du
projet consiste à aider un groupe d’écoles
cibles à désigner ses forces et ses faiblesses,
par l’entremise de questionnaires, de groupes de
discussion et d’entrevues individuelles auprès
des jeunes, des membres du personnel et des parents. Certains élèves
seront même suivis individuellement pendant cinq
ans. Toutes les dimensions de l’expérience
scolaire sont scrutées à la loupe : les questions
portent autant sur les pratiques pédagogiques et
les progrès des élèves que sur la
perception des relations de travail entre la direction
et le personnel.
Chercheur : Michel Janocz
Téléphone : (514) 343-6111, poste 2513
Courriel : michel.janocz@umontreal.ca
Financement : ministère de l’Éducation
du Québec