Un diamant plus lourd que le Soleil
Pierre Bergeron, professeur au Département de
physique de l’Université de Montréal,
et une équipe de chercheurs des États-Unis
viennent de découvrir une étoile naine
blanche très massive, nommée LHS 4033,
qui confirme une hypothèse énoncée
il y a plus de 70 ans par l’astrophysicien américain
Subrahmanyan Chandrasekhar, Prix Nobel de physique en
1983. « L’importance de cette découverte
vient du fait que la masse de l’objet que
nous avons mis au jour est juste en deçà de
la limite qui sépare la naine blanche et l’étoile à neutrons »,
explique l’astrophysicien québécois.
Pour parvenir à ces résultats, publiés
dans le numéro d’avril de The Astrophysical
Journal, M. Bergeron a utilisé des données
qu’il a lui-même recueillies durant un séjour
d’observation en Arizona en octobre dernier. Il
a comparé ses calculs avec des données
photométriques obtenues par ses collègues
au cours de trois séries d’observations
en Arizona et à Hawaii.
La grande majorité des naines blanches que les
experts ont observées jusqu’à maintenant
ont une masse équivalant à 6/10 de celle
du Soleil. Mais dès les années 30, le savant
d’origine indienne avait prédit que si une
naine blanche atteignait 1,4 fois la masse du Soleil
son équilibre entre la pression et la gravité serait
rompu. La valeur moderne de cette masse limite est de
1,36 fois la masse du Soleil. Or, la masse de l’étoile
découverte par les astrophysiciens est de 1,33
fois la masse du Soleil et correspond encore aux caractéristiques
de la naine blanche. On peut donc voir dans l’existence
de LHS 4033 une confirmation de la « masse
de Chandrasekhar ».
La découverte est d’autant plus significative
pour le chercheur québécois qu’elle
a mis à contribution une méthode d’analyse
d’observations spectroscopiques signée Pierre
Bergeron. Dévoilée en 1992 à l’issue
de son postdoctorat, la « Bergeron method » est
aujourd’hui largement utilisée.
Cette naine blanche possède une autre particularité qui
la rend encore plus singulière, signale le chercheur. « Les
modèles physiques de cette étoile prévoient
que la matière se réorganise, à très
basse température et à très haute
pression. C’est donc un gigantesque réseau
cristallin de carbone qui est en train de prendre
forme : un véritable diamant dans le ciel ! »
Avis aux prospecteurs : la masse de ce diamant
dépasse celle du Soleil… pour qui voudrait
se donner la peine d’aller l’extraire !
Chercheur : |
Pierre Bergeron |
Courriel : |
bergeron@astro.umontreal.ca |
Téléphone
: |
(514) 343-6678 |
Financement : |
Conseil de recherches
en sciences naturelles et en génie du Canada,
Fonds québécois de la recherche sur
la nature et les technologies, Fondation canadienne
pour l’innovation |