Oncologie
Traquer le tueur de la prostate
Administré à raison d’un traitement
toutes les trois semaines sur une période de 24 mois,
un nouveau médicament retarde de plus de cinq
mois, en moyenne, les complications liées aux
métastases osseuses chez les patients atteints
d’un cancer de la prostate à un stade avancé.
De plus, on note une réduction des complications
de l’ordre de 36 %.
C’est la conclusion à laquelle sont parvenus
l’uro-oncologue Fred Saad et ses collaborateurs à l’issue
d’une recherche multicentrique menée auprès
de 122 patients et dont les résultats viennent
d’être publiés dans le Journal
of National Cancer Institute (juin 2004). Comparativement
aux patients auxquels on a administré un placebo,
indique l’article, ceux qui ont reçu le
médicament à base d’acide zolédronique
ont beaucoup moins souffert des métastases aux
os. Les métastases osseuses sont les pires (et
les plus courantes) conséquences du cancer de
la prostate réfractaire au traitement hormonal.
« Nous menons de nombreuses recherches pour
améliorer la qualité de vie des patients
atteints d’un cancer de la prostate à un
stade avancé et les traitements s’améliorent
de jour en jour », indique le D r Saad,
qui enseigne la chirurgie à la Faculté de
médecine de l’Université de Montréal. À son
avis, la recherche fondamentale et la recherche clinique
sur le cancer de la prostate connaissent le même
essor que celles sur le cancer du sein il y a une quinzaine
d’années. Des découvertes significatives
pourraient découler de cet effort concerté où la
région de Montréal joue un rôle majeur.
« Avant qu'on puisse traiter adéquatement
le cancer du sein, relate-t-il, on administrait des soins
palliatifs par chimiothérapie afin d’améliorer
la qualité de vie des femmes atteintes. Peu à peu
on est parvenu à prolonger la survie de ces patientes
et même à traiter ce type de cancer avec
succès dans les stades initiaux. On peut souhaiter
que la même chose se produise avec le cancer de
la prostate. »
Deuxième cause de décès par cancer
chez les hommes au Canada, le cancer de la prostate dégénère
souvent en tumeurs qui s’attaquent aux os du patient,
provoquant fractures et paralysies très douloureuses. « Quand
le cancer s’en prend aux os, il n’y a presque
plus aucune chance de survie, commente le D r Saad,
reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux
de cette maladie qui touche un homme sur huit. C’est
pourquoi nous mettons beaucoup d’énergie à la
mise au point de méthodes de détection
précoce. »
Après des mois, sinon des années d’évolution
sans provoquer le moindre symptôme, certains cancers
causent très rapidement des métastases
osseuses. Mais on a pu déterminer quels étaient
ces cancers « agressifs ». Comment
savoir qu’un homme comme l’ancien président
français François Mitterrand vivra 14 ans
avec une tumeur maligne alors que son voisin ne survivra
pas deux ans ? Récemment, deux patients montréalais
du D r Saad, âgés de 40 à 50 ans,
ont été emportés par la maladie
en 12 mois.
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