Cardiologie
Les robots passent au bistouri
Caméras endoscopiques, nanorobots, gants robotisés, système de visualisation en trois dimensions… « La technologie chirurgicale explose actuellement et il ne faut pas laisser passer le train », lance le Dr Michel Pellerin, titulaire de la Chaire Michal et Renata Hornstein de l’Institut de cardiologie de Montréal.
Expert en chirurgie minimalement invasive, le médecin promet que Montréal comptera d’ici quelques années ses propres robots chirurgiens. Mais il tient à rassurer le public, qui ne voit pas d’un bon œil l’arrivée d’un robot maniant le bistouri. « Ce qu’il faut comprendre de la chirurgie robotique, c’est que le robot devient le prolongement de la main du chirurgien. Le mythe du médecin qui appuie sur un bouton afin d'entamer la chirurgie pour ensuite s’envoler au soleil est totalement faux. »
La technologie qui permet au médecin de manipuler un robot à distance existe déjà. Le D r Pellerin le sait bien, puisqu'il a eu la chance de travailler auprès du D r Alain Carpentier, grand architecte de la première chirurgie robotisée effectuée en 1998 à l’Hôpital Broussais de Paris. À l’aide de gants robotisés et d’un système de visualisation en trois dimensions, le chirurgien a procédé à une véritable opération à distance. Le robot a été digne de confiance : le patient célébrait son 70e anniversaire quelques jours plus tard, évitant une convalescence plus douloureuse.
Si les premières manipulations virtuelles se déroulaient à quelques mètres du lit des patients, rien n’empêche d’envisager qu’un médecin de Montréal puisse opérer à distance. « La distance est un des avantages de la chirurgie robotisée. Un autre avantage réside dans le fait que, lorsque vous opérez avec vos gants, la précision de tous vos mouvements est décuplée. Un mouvement d’un centimètre peut équivaloir en réalité à un mouvement d’un seul millimètre. Cela a pour effet d’annuler tout tremblement de la main », souligne le D r Pellerin.
Le développement d’une expertise propre à ce type de chirurgie représente un volet important de la Chaire, inaugurée le 4 novembre dernier à l’Université de Montréal. Toutefois, avant d’y parvenir, le chercheur consacrera de nombreux efforts à améliorer les techniques de chirurgie valvulaire pratiquées à l’Institut. Le D r Pellerin compte en effet introduire le concept de chirurgies minimalement invasives, qui recourent à des caméras endoscopiques et à un écran de visualisation. Au lieu de procéder à une incision de 12 à 15 cm devant le sternum, il sera désormais possible de faire une incision dans le côté droit du thorax de seulement 5 à 7 cm. Les caméras deviennent alors les yeux du chirurgien pour bien discerner les structures cardiaques.
Le résultat pour le patient ? Un séjour à l'hôpital réduit de moitié et une convalescence plus courte. Même si la technologie relative à ce type de chirurgie existe depuis un moment déjà, elle n’a toujours pas reçu les approbations nécessaires au Canada, bien que ce ne soit qu’une question de temps, au dire du Dr Pellerin. « L’acceptation a été relativement lente. On sait maintenant qu’il y a un créneau. Quelques essais ont été tentés dans des hôpitaux québécois, mais nous voulons être les premiers de la province à offrir cette intervention à grande échelle de façon extrêmement scientifique et rigoureuse. »
Chercheur : |
Michel Pellerin |
Courriel : |
michel.pellerin@icm-mhi.org |
Téléphone : |
(514) 376-3330, postes 3715 |
Financement : |
Michal Hornstein, Institut de cardiologie de Montréal, Université de Montréal, Jean Rouleau |
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