Les jeunes ont plus d'accidents après un cours
de conduite
« Les leçons de conduite ne diminuent
en rien le risque de collision chez les jeunes conducteurs »,
affirme un chercheur de l'Université de Montréal,
Pierro Hirsch , qui vient de publier les résultats
d'une recherche dans le Journal of Safety Research . À son
avis, les règlements sur la sécurité routière
devraient tenir compte de cette réalité,
ce qui réduirait la mortalité des jeunes
sur nos routes.
Avec 93 conducteurs de 16 à 24 ans impliqués
dans des accidents de la route pour 1000 titulaires
de permis de conduire, les jeunes sont chaque année « surreprésentés »,
selon le dernier bilan routier de la Société de
l'assurance automobile du Québec (SAAQ). Dans
cette catégorie d'âge, on rapporte 179 décès
et plus de 1422 blessures graves. Près d'une victime
de la route sur quatre est donc un jeune.
Dès 1995, M. Hirsch avait réalisé que
les recherches effectuées depuis 20 ans dans ce
secteur menaient à une étonnante constatation :
aucune preuve scientifique ne démontre que les
cours de conduite diminuent le risque de collision chez
les conducteurs adolescents. Le fait d'avoir suivi ces
cours peut même augmenter un tel risque. « En
Ontario, rapporte l'article du chercheur, les conducteurs
de 16 à 19 ans qui avaient pris des cours de conduite
avaient un taux de collision de 45 % supérieur
au groupe qui n'avait pas suivi de cours. » D'autres études étaient
parvenues à un constat similaire en Nouvelle-Écosse en
révélant un taux de 27 % supérieur à la
normale. Ce phénomène s'explique par le
fait que les jeunes peuvent obtenir leur permis plusieurs
mois plus tôt s'ils sont inscrits à une école
de conduite. La SAAQ, par exemple, leur fait gagner quatre
mois. « Pourquoi accélère-t-on
le processus d'accès au permis pour un groupe
de conducteurs fortement à risque ? C'est ce que
je remets en question », dit M. Hirsch.
Au Canada, plusieurs provinces ont une politique semblable.
Selon l'étudiant au doctorat, cet élément
incitatif devrait être abandonné dans les
plus brefs délais. « Dans les cours
de conduite, les jeunes apprennent la technique permettant
de tenir un volant. La prudence est une attitude, pas
une habileté, et il est irréaliste de penser
qu'on peut l'enseigner en 12 heures », commente-t-il.
M. Hirsch est bien placé pour en parler puisqu'il
est lui-même copropriétaire d'une école
de conduite recommandée par le club CAA-Québec :
la Ligue automobile de Montréal. Selon le chercheur,
une série de mesures pourraient diminuer le triste
bilan routier. On pourrait exiger que les conducteurs
débutants respectent un couvre-feu ; on peut leur
interdire les routes sur lesquelles ils font de la vitesse
; ou encore on peut leur fixer un nombre maximal de passagers. « Il
est reconnu que le jeune conducteur qui transporte avec
lui trois ou quatre amis est tenté d'aller plus
vite. »
Chercheur : |
Pierro Hirsch |
Courriel : |
pierro.hirsch@umontreal.ca |
Téléphone
: |
(514) 276-5396 |
Financement : |
Société de
l'assurance automobile du Québec |