Guérisseurs cris et chercheurs s'unissent contre
le diabète
Au sein des communautés autochtones, le recours
aux propriétés thérapeutiques des éléments
de la nature n'a rien de nouveau. Aînés
et guérisseurs indigènes donnent depuis
longtemps des plantes aux malades. Seraient-ils les gardiens
de secrets que la médecine moderne n'a pas encore
percés ? Cette question intéresse
Pierre Haddad, professeur au Département de pharmacologie
de la Faculté de médecine. Depuis près
de cinq ans, ce spécialiste du diabète
court les congrès où l'on discute d'ethnopharmacologie,
soit l'utilisation de remèdes traditionnels par
les populations autochtones. En 1998, il a entrepris
une collaboration avec des herboristes du Maroc pour
mieux connaître les plantes maghrébines
utilisées dans le traitement du diabète.
Grâce à ce projet, il compte éclaircir
les mystères de la nigelle (aussi appelée
cumin noir), une plante employée depuis des milliers
d'années à des fins médicinales.
La collaboration avec le Maroc ne fait que commencer,
mais déjà le professeur Haddad étend
ses antennes. Au mois d'octobre 2003, le chercheur a
obtenu 900 000 $ de l'Institut de la santé des
Autochtones des Instituts de recherche en santé du
Canada (IRSC) pour étudier les pratiques médicinales
des guérisseurs et tenter d'améliorer la
santé des Cris du nord du Québec, particulièrement
en ce qui a trait au diabète. La somme sera répartie
sur trois ans.
« Je rêvais de travailler avec les
populations indigènes du Québec, déclare
M. Haddad. Ces communautés sont aux prises avec
de sérieux problèmes de diabète.
Dans la population crie, la prévalence de la maladie
est passée de 4,1 à 12,5 % entre 1989 et
2002. Les approches de la médecine moderne, qui
préconise une meilleure alimentation et la pratique
d'activités physiques, ne sont pas très
populaires au sein de ces communautés. Les Cris
ont plutôt recours à des plantes qu'ils
trouvent dans la forêt boréale. Je veux
savoir à quel point ces remèdes sont efficaces
et sécuritaires, et s'il est possible de bonifier
les façons de faire traditionnelles avec celles
de la médecine moderne. »
L'équipe dirigée par le professeur Haddad
comprend cinq spécialistes : Alain Cuerrier,
un botaniste responsable du Jardin des Premières
Nations au Jardin botanique de Montréal ;
Tim Johns, un nutritionniste et ethnobotaniste de l'Université McGill ;
John Arnason, un phytochimiste de l'Université d'Ottawa ;
le D r Marc Prentki, expert en diabète au CHUM ;
et Manon Dugas, coordonnatrice au Conseil cri de la santé et
des services sociaux de la Baie-James. En plus de recevoir
l'appui des IRSC, le projet sera subventionné par
la Direction des produits de santé naturels, une
nouvelle agence relevant de Santé Canada.
Chercheur : |
Pierre Haddad |
Courriel : |
pierre.haddad@umontreal.ca |
Téléphone
: |
(514) 343-6590 |
Financement : |
Instituts de recherche
en santé du Canada |