Le paraphénylènediamine (PPD), qui entre
dans la composition des tatouages temporaires, peut être
nocif. Danielle Marcoux, professeure agrégée
de clinique à l’Université de Montréal
et dermatologue à l’hôpital Sainte-Justine,
en a eu la preuve flagrante quand une adolescente en pleine
crise d’allergie s’est présentée à son
cabinet. « Elle souffrait d’une réaction
grave au cuir chevelu à la suite d’une première
teinture. Devant l’ampleur de la réaction,
j’ai compris qu’elle avait déjà été sensibilisée
au produit sans le savoir. J’ai pensé aux
tatouages temporaires... Elle m’a confirmé qu’elle
avait eu un l’année précédente
et qu’il avait provoqué chez elle une forte éruption
cutanée. »
La Dre Danielle Marcoux est spécialiste des problèmes
de peau chez les adolescents : tatouages, perçages
et autres fantaisies artistiques n’ont aucun secret
pour elle. Elle était donc déjà au
courant des effets potentiellement nocifs d’un des
constituants de base des teintures capillaires permanentes
et ingrédient « magique » du henné,
ce produit inspiré des tatouages traditionnels maghrébins.
«
Le henné est naturellement de couleur orangée
: le dessin n’apparaît donc pas très
clairement sur la peau. On y ajoute du PPD pour augmenter
la visibilité et la durée du tatouage »,
explique-t-elle. Or, le PPD est un des six éléments
les plus facilement responsables d’allergies de contact
s’il est appliqué directement sur la peau.
Quand il est utilisé dans des produits capillaires,
le PPD pose rarement problème, car la masse des
cheveux protège la peau. Par contre, dans le cas
d’un tatouage, la pénétration du produit
et la sensibilisation à celui-ci sont beaucoup plus
faciles. La petite fantaisie temporaire risque de se transformer
en un problème permanent.
Une fois sensibilisée au PPD, la personne devient
allergique à tous les colorants capillaires et à toutes
les substances chimiques qui ont une structure semblable,
comme certains produits anesthésiques locaux (mésocaïne
et procaïne) et plusieurs antiseptiques. « La
sensibilisation au PPD ouvre aussi la porte à une
série de réactions allergiques croisées.
Une fois que le mal est fait, on reste sensibilisé toute
la vie », note la dermatologue.
Le « marquage » corporel est de plus en plus
en vogue. Les tatouages ne sont plus l’apanage des
motards, prisonniers ou marins! Au Canada, dans certains
milieux, jusqu’à 20 % des collégiens
sont tatoués de manière définitive
ou temporaire. « Ce qui était encore récemment
considéré comme un phénomène
marginal est aujourd’hui une mode du quotidien, explique
Danielle Marcoux. La publicité et les médias
l’ont d’ailleurs bien compris : ils présentent
les tatouages comme un comportement osé mais sans
risque. Il existe même un modèle de poupée
Barbie tatouée! »
Chercheuse : Danielle Marcoux
Téléphone : (514) 345-4675 ou (514) 343-6452