Dans la région de Montréal, la violence
augmente avec la température. Par exemple, il se
commet en moyenne 64 voies de fait par jour lorsqu’il
fait 30 °C comparativement à 55 lorsqu’il
fait moins de 23 °C. De même, la perpétration
des agressions sexuelles a un lien direct avec les heures
d’ensoleillement. C’est ce qu’a constaté le
criminologue Étienne Blais au cours d’une
recherche sur les liens entre la météo et
la criminalité dont il livrera sous peu les résultats
dans la Revue internationale de criminologie comparée
et de police scientifique. Sa recherche, financée
par Environnement Canada, a tenu compte de quelque 160
000 rapports du Service de police de la Communauté urbaine
de Montréal rédigés entre 1995 et
1998.
Pour Étienne Blais, il ne fait pas de doute que
les conditions météorologiques ont une influence
directe sur le passage à l’acte. « Les
crimes contre la personne augmentent s’il fait plus
chaud. C’est vrai en janvier comme en juillet. L’hiver,
il se commet 48 voies de fait par jour lorsque le thermomètre
dépasse les 4 °C, comparativement à 42
lorsqu’il tombe sous la barre des –10 °C.
En revanche, des conditions comme la pluie et le vent ont
des effets contraires. »
Cette recherche, menée à l’École
de criminologie de l’Université de Montréal,
où M. Blais effectue des travaux de doctorat, révèle
aussi une hausse marquée de la criminalité aux
premiers jours du mois. L’auteur signale que cette
hausse correspond à la période de distribution
des chèques d’assistance sociale. « Tout
juste derrière le critère de la température
maximale de la journée figure la variable de la
distribution des chèques », commente-t-il.
Le jour de la remise des chèques, on enregistre
une moyenne de 61 voies de fait, contre moins de 50 les
autres jours.
Le phénomène peut s’expliquer par la
théorie des activités routinières,
que les criminologues connaissent bien. Selon cette théorie,
les gens sortent davantage de chez eux les jours de beau
temps, ce qui entraîne une augmentation des interactions
entre les gens et, par le fait même, un accroissement
des risques de conflits interpersonnels. Là où la
recherche de M. Blais innove, c’est qu’elle
tient compte des activités quotidiennes. « La
plupart des études sur ce sujet établissaient
un lien entre la météo et la criminalité de
façon mensuelle ou annuelle. Nous avons trouvé qu’il
serait plus indiqué de l’analyser quotidiennement,
dit l’étudiant qui travaille sous la direction
du criminologue Marc Ouimet. Nous avons donc répertorié parallèlement
les actes criminels et les conditions météorologiques
selon les rapports quotidiens fournis par Dorval. » Par
ailleurs, une recherche précédente de M.
Ouimet avait permis de révéler que les voies
de fait, au Québec, étaient 13 fois plus
fréquentes le week-end (vendredi, samedi et dimanche)
que durant la semaine. On a voulu savoir, cette fois, si
l’impact des longs congés était significatif.
Ce n’est pas le cas. « Les longs congés
n’ont pas d’effets mesurables sur la criminalité,
dit Étienne Blais. Mais les accidents de la route
connaissent une recrudescence marquée. »
Chercheur : Étienne Blais
Direction : Marc Ouimet (marc.ouimet@umontreal.ca)
Téléphone : (514) 343-5864
Courriel : etienne.blais@umontreal.ca
Financement : Environnement Canada