« D’ici trois ans, environ 40 % des 70 000
enseignants des écoles primaires et secondaires
auront pris leur retraite, emportant avec eux un riche
bagage de connaissances », rappelle Philippe Dupuis.
Selon le directeur du Centre de recherche en administration
des organismes d’éducation (CRAOE), les prochaines
années seront cruciales : il faut conserver dans
les écoles l’expérience des enseignants
en fin de carrière tout en soutenant la relève.
Ce double défi nourrit ses réflexions, qui
pourraient permettre aux organisations scolaires de tirer
profit de la vague de départs déferlant sur
le Québec.
M. Dupuis a mis au point un système de mentorat,
spécialement conçu pour les quelque 4000 écoles
du Québec. Le mentorat se définit comme un
processus par lequel une personne reconnue pour son expertise
entre en contact avec une autre amorçant sa vie
professionnelle. « Ce système a l’avantage
de répondre aux besoins des jeunes enseignants et
administrateurs qui cherchent à savoir s’ils
vont dans la bonne direction, précise M. Dupuis.
Jusqu’à maintenant, selon les études
menées au CRAOE, une dizaine de commissions scolaires
se sont montrées intéressées. »
Au cours de sa carrière de plus de 40 ans, le spécialiste
a successivement été enseignant au primaire
et au secondaire, directeur d’école, puis
chercheur et professeur au Département d’administration
et fondements de l’éducation de l’Université de
Montréal. Il a d’ailleurs contribué à la
création de ce département à la fin
des années 60. Il a également rempli de nombreux
contrats de recherche sur les scènes nationale et
internationale. Ses travaux l’ont amené à s’intéresser
aux enseignants et administrateurs âgés de
35 à 55 ans. De manière plus précise,
il se penche sur le mitan de la vie, qui correspond à ce
que les psychologues appellent la « crise de la quarantaine » ou
le « démon du midi ». « Le mitan
ressemble à la dernière heure d’un
examen. On ne compte plus le temps écoulé,
mais le temps qui reste. On se demande ce qu’on a
fait et surtout ce qu’on a encore à faire »,
raconte le spécialiste.
Si le mentorat permet au novice d’accroître
sa confiance et de développer ses aptitudes, il
apporte également beaucoup au mentor. En effet,
durant ses travaux qui s’appuient sur les théories
du développement de la personne des psychologues
Erik Erikson et Daniel Levinson, M. Dupuis a pu cerner
des besoins propres aux personnes traversant le mitan de
la vie. « Ces hommes et ces femmes au sommet de leur
carrière, possédant une grande expérience, éprouvent
le besoin de transmettre leurs connaissances afin qu’on
reconnaisse leurs compétences », soutient-il.
Ce besoin de reconnaissance est particulièrement
présent chez les enseignants, car « il arrive
qu’avec le temps les gestionnaires d’écoles
aient tendance à tenir le personnel pour acquis,
alors qu’on a toujours besoin de se faire dire que
son travail est apprécié. »
Chercheur : Philippe Dupuis
Téléphone : (514) 343-7886
Courriel : philippe.dupuis@umontreal.ca
Financement : Fonds de recherches et d’activités
professionnelles, Université de Montréal