Sommeil

Pourquoi on grince des dents la nuit

par exemple toute la nuit le réflexe de déglutition. Mais chez certaines personnes, de bruyants grincements de dents précèdent ce réflexe, et ce, jusqu’à 15 fois par heure! Le bruxisme touche 8 % des gens âgés de 11 à 59 ans. Ces grincements à répétition entraînent la détérioration des dents, des douleurs aux mâchoires et des maux de tête. Sans parler de l’inconfort pour le partenaire d’oreiller.

Autrefois, on croyait que l’enfant qui grinçait des dents durant la nuit avait des vers... La médecine a réfuté cette croyance et expliqué le bruxisme par un mauvais contact entre les dents. On a ensuite associé cette habitude involontaire au stress et à l’anxiété. Gilles Lavigne, chercheur aux facultés de médecine dentaire et de médecine de l’Université de Montréal, explique que « le développement de la neurobiologie a permis de mieux comprendre la structure du sommeil chez le bruxeur et de définir clairement le bruxisme parmi d’autres phénomènes cycliques propres au sommeil ». Le chercheur et son équipe de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal sont d’ailleurs reconnus pour avoir établi des critères internationaux qui permettent de distinguer le bruxisme nocturne.

« On trouve dans le cerveau une région appelée centre de genèse des mouvements, qui synchronise plusieurs activités rythmiques comme la marche, le rythme cardiaque, la respiration, la mastication, la déglutition, etc. Chez la personne atteinte de bruxisme, le centre semble envoyer des signaux désynchronisés aux mâchoires, ce qui cause des frottements violents entre les dents. C’est comme si le cerveau activait le centre, mais sans raisons apparentes », explique M. Lavigne, intéressé principalement par le phénomène chez les bruxeurs primaires, soit ceux qui ne souffrent ni de maladies ni de troubles neurologiques et qui ne prennent pas de médicaments.

Est-ce que le centre de genèse déclenche une réponse excessive lorsque la bouche et l’œsophage ne sont pas suffisamment lubrifiés ou que les voies respiratoires sont partiellement obstruées? C’est la piste que suivent actuellement le chercheur et son équipe. Et cette piste pourrait mener à la mise au point de médicaments pour aider les bruxeurs secondaires, aux prises avec des mouvements involontaires, des spasmes qui touchent le visage, le cou et les membres.

En réponse à une question fréquente sur la complexité de l’étude du sommeil, Gilles Lavigne précise : « Le bruxisme est complexe à étudier. Il faut d’abord trouver de bons sujets, ce qui n’est pas facile d’autant plus qu’ils doivent être disponibles pour passer quelques nuits au laboratoire. C’est aussi très long, car ensuite il faut habituer les sujets à dormir sous surveillance vidéo, branchés par de nombreux fils à des polygraphes. Finalement, une nuit d’enregistrement demande de quatre à sept jours d’analyse. »

Chercheur : Gilles Lavigne
Téléphone : (514) 343-2310
Courriel : gilles.lavigne@umontreal.ca


 

Autres articles de ce numéro :

 


Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement